mardi 18 octobre 2016

Petit traité sur l'immensité du monde / Sylvain Tesson

Quatrième de couverture :

"Sylvain Tesson parcourt le monde. Dans les steppes d'Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, escalade, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, construit des cabanes. Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement. Dans nos sociétés de communication, il en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux.
Ce Petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi."




Mon avis :

J'aime déjà Sylvain Tesson pour avoir lu Dans les forêts de Sibérie. J'admire l'aventurier qui met en récit ses expériences de l'autre bout du monde comme à côté de chez lui. Je ne serai donc peut-être pas assez objective ;-) Une de mes prochaines lectures sera d'ailleurs Sur les chemins noirs, son dernier livre. J'ai beaucoup aimé l'écouter en parler dans l'émission La grande librairie.

Est-ce donc utile de préciser que j'ai adoré lire ce petit livre ? Il n'est en rien une fiction, mais un précis qui nous livre différents aspects de la vie du voyageur. Mais pas n'importe quel voyageur : le wanderer, d'après le concept établi par les Romantiques allemands.
Chaque petit chapitre (c'est un petit livre, qui se lit très vite d'autant plus qu'il est bien écrit !) est consacré à un aspect qu'apporte le voyage : la liberté, la maîtrise du temps, le rapport au corps, à la géographie, etc. Ils sont un mélange de vérités, de retours d'expériences, de confidences. L'ouvrage se conclut sur un très bel hommage aux forêts et à la solitude et préfigure, selon moi, le départ de l'auteur pour les rives du lac Baïkal (Dans les forêts de Sibérie).

Il est tellement adapté à tous que j'y ai lu des lignes qui m'ont permis de faire le lien avec Wild, de Cheryl Strayed, une lecture dont j'ai traité ici : sur le rapport au corps, sur la raison pour laquelle on marche (qui n'est pas la même pour tous).

En bref, j'ai adoré. Ce livre est une petite perle à garder sur soi et à lire et relire autant de fois que nécessaire. Encore mieux, je l'ai parfois lu sur fond de musique d'une artiste chère à mon coeur, Cécile Corbel, dont le dernier album s'intitule justement... Vagabonde.
Quel beau cadeau ! Magnifique !

"Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir." (S. Tesson)

Les pirates : forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer / Gilles Lapouge

Pour ce billet, j'ai envie de reprendre exceptionnellement un billet que j'ai publié à l'époque sur un autre blog, In Quarto, à l'époque où je travaillais dans les bibliothèques de Paris-Sorbonne.




« Dieu tout-puissant ! Il y a
dans toute chose mauvaise
une essence de bien pour les hommes
qui savent la distiller. »

C’est sur cet extrait de Henry V de Shakespeare que s’ouvre l’ouvrage. Gilles Lapouge a pour ambition de lever le voile sur la vie réelle qu’ont mené les « forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer » en s’appuyant sur des écrits véridiques et non sur les mythes construits par la littérature et les films.

Force est de constater que les sources sont peu nombreuses. Reviennent régulièrement comme références les écrits d’Exmelin, d’Avery, de Philip Gosse, … Dans le domaine littéraire, Defoe, Borges, Stevenson, Conrad et Melville se démarquent par la fidélité de leurs ouvrages à la réalité.
Mais, de la même façon qu’ils ne vouaient aucun culte au corps après le trépas, leurs vies et œuvres n’avaient pas vocation à passer à la postérité : « Les forbans ont choisi le néant ou la résurrection, non la confuse survie des épitaphes. »

En effet, choisir la piraterie était un véritable choix de vie. Cela signifiait abandonner sa terre natale sans espoir d’y revenir, et par conséquent abandonner sa famille. C’est un choix qui se faisait par révolte, par colère. Car c’est aussi contre la société dans son entier que le pirate se place. Face à elle, certains ont tenté de donner vie à leurs rêves utopistes. Ces êtres sortis de l’Histoire et du temps en quittant la terre se vouaient à une vie courte, si bien qu’ils acceptaient de mourir sans appréhension. Ils l’acceptaient même dès qu’ils décidaient de rejoindre les rangs des révoltés, comme le fit remarquer Mary Read lors de son jugement : c’est l’acceptation de sa propre mort au cours d’une bataille ou au bout d’une corde qui permettait de distinguer les véritables assoiffés de liberté.

Dans cet ouvrage, vous pourrez découvrir des figures particulières de la piraterie, comme les célèbres Rackham, Black Beard, ou les rares femmes pirates que sont Ann Bonny et Mary Read.
Sont aussi rétablies, entre autres, des vérités sur les tenues ; les rapports avec les femmes, et avec la mer, espace infini tandis qu’une microsociété régie par un règlement strict se crée dans l’espace clos du navire ; leur vision de l’or, purement substantielle. Par exemple, il apparaît que, si les pirates s’en prenaient principalement aux navires marchands, c’était aussi pour leur signification symbolique, la représentation de la société abhorrée.

J'ai dévoré ce petit livre consacré à un thème que j'affectionne, que je relirais volontiers, et qui m'a rappelé par moment le roman pour la jeunesse Mary tempête, par Alain Surget, qui a toujours une bonne place dans ma bibliothèque.

lundi 10 octobre 2016

Miss Peregrine et les enfants particuliers / Ransom Riggs

Quatrième de couverture :

"Jacob Portman, 16 ans, écoute depuis son enfance les récits fabuleux de son grand-père. Ce dernier, un juif polonais, a passé une partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l'avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d'un orphelinat pour enfants "particuliers". Selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d'enfants doués de capacités surnaturelles, censées les protéger des "Monstres".
Un soir, Jacob trouve son grand-père mortellement blessé par une créature qui s'enfuit sous ses yeux. Bouleversé, Jacob part en quête de vérité sur l'île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n'a plus aucun doute : les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux ? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous ? Et s'ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela paraisse..."




Mon avis :

J'ai été très intriguée par ce roman au moment de sa sortie. Pourtant, je viens seulement de le lire. Pourquoi pas plus tôt ? Je devais craindre d'être déçue, sans doute... Et le suis-je aujourd'hui ? Pas du tout ! L'élément déclencheur de ma lecture a été, je l'avoue, son adaptation au cinéma par Tim Burton. Voyant la bande-annonce, ce livre s'est rappelé à mon bon souvenir. Le moment était venu. Et surtout, je voulais le lire avant d'aller le voir.

Dès les premières pages, l'ambiance est fidèle à ce qu'on peut en attendre : particulière. J'ai même été par moments mal à l'aise, les photos en illustration contribuant grandement à ce sentiment.

L'intrigue est très prenante, mystère et énigmes se succèdent en laissant tout juste le temps de s'imprégner du décor et de l'ambiance. J'ai vraiment bien aimé cette ambiance à la fois fantastique, chargée d'histoire, dangereuse, qui collera très bien, je pense, à l'univers de Tim Burton dans l'adaptation ciné.
Le niveau de lecture peut être littéral, c'est alors un très bon roman pour la jeunesse (plutôt ado), ou bien ouvrir sur des réflexions plus larges à propos du nazisme, du temps qui passe, des relations familiales. Dans tous les cas, c'est toujours un très bon roman !

Il me reste à présent à découvrir l'adaptation au cinéma et... à lire la suite ! (une de mes surprises, au milieu des nombreux autres retournements de situation : l'histoire ne s'arrête en effet pas là !)