mardi 18 octobre 2016

Les pirates : forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer / Gilles Lapouge

Pour ce billet, j'ai envie de reprendre exceptionnellement un billet que j'ai publié à l'époque sur un autre blog, In Quarto, à l'époque où je travaillais dans les bibliothèques de Paris-Sorbonne.




« Dieu tout-puissant ! Il y a
dans toute chose mauvaise
une essence de bien pour les hommes
qui savent la distiller. »

C’est sur cet extrait de Henry V de Shakespeare que s’ouvre l’ouvrage. Gilles Lapouge a pour ambition de lever le voile sur la vie réelle qu’ont mené les « forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer » en s’appuyant sur des écrits véridiques et non sur les mythes construits par la littérature et les films.

Force est de constater que les sources sont peu nombreuses. Reviennent régulièrement comme références les écrits d’Exmelin, d’Avery, de Philip Gosse, … Dans le domaine littéraire, Defoe, Borges, Stevenson, Conrad et Melville se démarquent par la fidélité de leurs ouvrages à la réalité.
Mais, de la même façon qu’ils ne vouaient aucun culte au corps après le trépas, leurs vies et œuvres n’avaient pas vocation à passer à la postérité : « Les forbans ont choisi le néant ou la résurrection, non la confuse survie des épitaphes. »

En effet, choisir la piraterie était un véritable choix de vie. Cela signifiait abandonner sa terre natale sans espoir d’y revenir, et par conséquent abandonner sa famille. C’est un choix qui se faisait par révolte, par colère. Car c’est aussi contre la société dans son entier que le pirate se place. Face à elle, certains ont tenté de donner vie à leurs rêves utopistes. Ces êtres sortis de l’Histoire et du temps en quittant la terre se vouaient à une vie courte, si bien qu’ils acceptaient de mourir sans appréhension. Ils l’acceptaient même dès qu’ils décidaient de rejoindre les rangs des révoltés, comme le fit remarquer Mary Read lors de son jugement : c’est l’acceptation de sa propre mort au cours d’une bataille ou au bout d’une corde qui permettait de distinguer les véritables assoiffés de liberté.

Dans cet ouvrage, vous pourrez découvrir des figures particulières de la piraterie, comme les célèbres Rackham, Black Beard, ou les rares femmes pirates que sont Ann Bonny et Mary Read.
Sont aussi rétablies, entre autres, des vérités sur les tenues ; les rapports avec les femmes, et avec la mer, espace infini tandis qu’une microsociété régie par un règlement strict se crée dans l’espace clos du navire ; leur vision de l’or, purement substantielle. Par exemple, il apparaît que, si les pirates s’en prenaient principalement aux navires marchands, c’était aussi pour leur signification symbolique, la représentation de la société abhorrée.

J'ai dévoré ce petit livre consacré à un thème que j'affectionne, que je relirais volontiers, et qui m'a rappelé par moment le roman pour la jeunesse Mary tempête, par Alain Surget, qui a toujours une bonne place dans ma bibliothèque.

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